La nature dangereuse d’un déchet n’interdit pas en soi son recyclage. Mais pour que celui-ci soit durable, il faut garantir la qualité des matières issues de déchets dangereux qui servent à la production de nouveaux biens de consommation. L’objectif n’est pas d’atteindre le « zéro contaminant » mais de s’assurer que les matières réintroduites dans la boucle de recyclage ne contiennent pas des substances préoccupantes au-delà des seuils de concentration fixés par les différentes réglementations existantes (REACH, POP, ROHS, etc.).
Il est donc nécessaire d’effectuer une décontamination avant toute valorisation matière à partir de déchets dangereux, non sans éliminer en toute conformité les polluants extraits au cours de cette opération. Lorsque, pour des raisons techniques ou économiques, on ne peut, dans un lot donné, extraire ces substances dangereuses du reste de la matière, il est alors nécessaire d’éliminer la totalité du lot. Il faut alors, en fonction de la nature du déchet dangereux soit l’incinérer (avec ou sans valorisation énergétique) soit le stocker dans des centres spécialisés (avec ou sans traitement physico-chimique préalable).
Par exemple, lorsque la régénération d’un solvant usé est possible, on produit en moyenne 700 kg de solvant compatible avec un nouvel usage. Les 300 kg de résidus restant après la régénération sont quant à eux incinérés. L’énergie produite est valorisée soit sous forme de chaleur soit sous forme d’électricité.
Les adhérents du Sypred produisent aussi, à partir de déchets dangereux, des huiles de base pour lubrifiants moteurs, des chromates, des sulfures de zinc et de nombreuses autres matières. Ils totalisaient une capacité de valorisation matière de 390 000 tonnes/an en 2016 et cette activité ne cesse de croître. Conformément aux bonnes pratiques, ils effectuent ces opérations en considérant prioritairement le respect de la santé publique et de l’environnement. Le recyclage des déchets dangereux à n’importe quel prix serait en effet contre-productif du point de vue de la protection de la santé, de l’environnement, de la gestion rationnelle des ressources naturelles, en un mot, du développement durable.
Le marché des matières valorisées à partir de déchets dangereux fera un bond considérable dès que la législation aura intégré l’obligation de décontamination préalable, de traçabilité et aura clarifié les dispositions sur la non-dilution des polluants. Une connaissance améliorée des caractéristiques des déchets depuis le producteur initial jusqu’à l’opérateur final permettra d’appliquer le traitement le plus approprié, de préserver au mieux la santé et l’environnement et d’obtenir des matières issues de déchets de qualité et compétitives.
Loin d’être opposées, élimination et valorisation sont des opérations complémentaires. Il est en effet indispensable de disposer d’installations d’élimination conformes à la réglementation et utilisant les meilleures technologies disponibles pour prendre en charge et détruire la pollution extraite des matières avant valorisation et pour détruire les lots non valorisables. Le déploiement du marché des matières valorisées à partir de déchets dangereux demande donc une infrastructure conséquente dédiée à l’élimination des déchets dangereux.