Les déchets dangereux sont dangereux pour l’environnement ou la santé notamment parce qu’ils sont pollués.
Mercure, plomb et autres métaux lourds, arsenic, PCB, molécules organiques cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, polluants organiques persistants, etc., les polluants les plus dangereux et les plus variés contaminent les déchets dangereux. Il tombe sous le sens que, pour protéger la santé et l’environnement, il faut les détruire aussi complètement que possible et éviter de les disperser tant dans l’air, l’eau et le sol que dans les produits recyclés.
Par conséquent, quand on cherche à valoriser la matière d’un déchet dangereux, il faut commencer par en extraire la pollution. Faute de quoi, on est certain de retrouver les contaminants dans les matières valorisées et les produits recyclés en aval et de provoquer à plus ou moins long terme de graves problèmes de santé publique. Il n’est pas faux de dire que mieux on valorise un déchet dangereux, plus on récupère de pollution !
Cette remarque a trois conséquences :
- Tout d’abord, la part de pollution présente dans un déchet dangereux est non nulle. Elle peut même être supérieure à 50% dans certains cas. Donc quand elle est bien faite, ce qui est souhaitable,la valorisation matière d’un déchet dangereux ne peut atteindre un rendement de 100%.
Exemple : un solvant usé contient couramment 30% d’éléments indésirables qui le rendent impropre à l’usage. Si une tonne de ce solvant est régénérée correctement, on obtiendra 700 kg de solvant neuf et non pas 1 tonne. Dans cet exemple, l’optimum écologique se trouve donc à 70% de rendement, ou plus exactement à 100% de purification de ces 700 kg. Cela signifie qu’un indicateur qui ne regarde que le rapport entre tonnage valorisé et tonnage initial se trompe d’objectif. Il donne des bons points aux mauvais valorisateurs, à ceux qui laissent la pollution dans la matière valorisée. Un indicateur plus significatif de la qualité de valorisation doit au contraire mesurer l’efficacité de la décontamination.
- Deuxièmement, la pollution extraite n’est pas valorisable et demande évidemment à être éliminée dans les meilleures conditions, avec les meilleures technologies.Sinon, la pollution détournée des matières valorisées sera déversée dans l’environnement, ce qui n’est pas mieux. Cela montre que les valorisations bien faites de déchets dangereux ont un besoin fondamental d’outils d’élimination performants. D’ailleurs dans le tonnage reçu par les centres d’élimination de déchets dangereux, la part de ceux issus des installations de valorisation de déchets (dangereux ou non) est croissante. Il n’y a donc pas d’opposition entre valorisation des déchets dangereux et élimination, comme le profane le croit parfois, mais au contraire une profonde complémentarité, la seconde étant indispensable à la première. Il en résulte que le dispositif de traitement de déchets dangereux d’un Etat est loin de l’optimum écologique lorsqu’il ne comporte que des installations de valorisation et aucune installation d’élimination.
- Enfin, les procédés chimiques permettant d’extraire la pollution sont sophistiqués, spécifiques à chaque type de déchets dangereux, et les installations sont coûteuses. Or, pour la plupart des familles de déchets dangereux, le tonnage en jeu ne justifie l’implantation et l’exploitation que de quelques installations au niveau national, parfois d’une seule. Il convient alors au niveau régional d’organiser un réseau logistique de collecte et de plateformes de transit des déchets dangereux afin d‘assurer la valorisation du plus grand tonnage possible et de servir au mieux les producteurs de déchets dangereux de chaque région. Cette configuration est à la fois plus écologique et plus viable économiquement que celle où chaque région serait équipée d’un outil de traitement pour chaque famille de déchets dangereux. D’autant que le transport pèse relativement peu dans le bilan CO2 dès lors qu’est pris en compte le CO2 évité par l’élimination et la valorisation elles-mêmes des déchets dangereux.